lundi 7 février 2011

Que pouvons-nous faire pour les minorités chrétiennes d’Orient?


Interview du fr. Guy Musy o.p. au mensuel "Vie Protestante" de Genève, du 03 février 2011.

« I have family in Irak » J’avais épinglé ce badge à ma boutonnière alors que W. Bush arrosait de bombes ce pays. Je ne mentais pas. J’avais des frères et des sœurs dominicains à Bagdad et Mossoul. Non pas des missionnaires ou des convertis de la veille, mais des Chrétiens de souche, présents sur cette terre bien avant l’arrivée de l’Islam. Aujourd’hui, la plupart s’exilent, emmenant avec eux leur famille. Ils végètent dans des camps, en attendant l’Europe, l’Amérique ou l’Australie. La valise ou la mort !

Que puis-je faire pour eux ? D’abord, leur exprimer ma solidarité et utiliser tous mes réseaux pour informer l’opinion de leur tragédie. Puis tenter de comprendre ce qui leur arrive. Seul, je ne puis rien ou presque rien. Mais les hommes et les femmes que j’élis au Parlement Fédéral sont à même d’agir, à travers nos ministres, sur les gouvernants des pays qui feignent d’ignorer ces agissements criminels, les relativisent, à moins qu’ils ne les commanditent eux-mêmes. Je fais aussi confiance aux ONG qui tiennent devant le Conseil des Droits de l’Homme un langage clair et sans équivoque. Encore faut-il que la diplomatie des Etats obéisse à des impératifs éthiques et ne traîne pas derrière elle les relents des pétrodollars.

J’ajoute - et c’est important - que notre action doit déborder la sphère chrétienne. En Irak, des musulmans sont aussi massacrés. En Israël et en Palestine, des Juifs et des Arabes subissent la violence. Pour ne rien dire des minorités religieuses de Chine, de l’Inde, du Pakistan et d’ailleurs. Seule une concertation d’hommes et de femmes « de bonne volonté » -  ils peuvent se retrouver dans la Plateforme Interreligieuse de Genève -  pourrait être tant soit peu efficace. A condition d’éviter tout jugement prématuré, toute surenchère verbale et de récupérer à son profit politique ou religieux la détresse des autres. Nos frères et soeurs d’Orient sont assez malheureux sans que nous n’aggravions leurs souffrances.

Délégué de l’Eglise catholique romaine à la Plateforme Interreligieuse de Genève

Aucun commentaire: